Gravures -
A.P. Arnal - P. M. Brisson - Jacques Clauzel - Michel Cornu - Ken Denning - Patrick Loste - Tony Soulié - Zhou Hao
Artistes Eloge de la main
«La gravure ne se contemple pas, elle se réagit, elle nous apporte des images de réveil. Ce n'est pas l'oeil seulement qui suit les traits de l'image, car à l'image visuelle est associée une image manuelle et c'est cette image manuelle qui vraiment réveille l'être actif en nous. Toute main est conscience d'action.» Gaston Bachelard A la gloire de la main, 1949 Si la fourchette peut être considérée comme une perversion de la main, la main n'en est certainement pas une par rapport au cerveau. La main est l'instrument de la pensée. Le poète et le musicien, avec les mots et les sons, n'affrontent pas la matière alors que l'engagement du graveur est tout autre. « Pour lui, comme l'écrit si justement Bachelard dans Matière et Main, la matière existe. Et la matière existe tout de suite sous sa main oeuvrante. Elle est pierre, ardoise, bois, cuivre. Le papier lui-même, avec son grain, sa fibre, provoque la main rêveuse pour une rivalité de la délicatesse. La matière est ainsi le premier adversaire du poète de la main. Elle a toutes les mutiplicités du monde hostile, du monde à dominer. Le graveur véritable commence son oeuvre dans une rêverie de la volonté. C'est un travailleur. C'est un artisan. Il a toute la gloire de l'ouvrier. » C'est ainsi que je perçois Rémy Bucciali en son atelier de taille-doucier. Ses mains gardent les traces de leurs luttes contre la matière, des ruses de l'acide contre le cuivre, des aléas des vernis et de la couleur - le bois dans le papier, le minéral originel dans le cuivre ne peuvent se laisser oublier, trahir, masquer. La gravure est l'art qui entre tous ne peut tromper - en admirant des aquatintes, tailles-douces, pointes-sèches, sorties de la presse (à main !) je ne peux m'empêcher d'avoir conscience de la main au travail - c'est un rare privilège de voir Rémy Bucciali ausculter une plaque de cuivre et d'en fouiller les moindres abîmes - la main de l'artisan à force d'exercices répétés, rompue à tous les aléas de la matière, a fini par acquérir une sorte de mémoire du geste juste qui en soi est une forme esthétique. Pour traduire ce processus en termes musicaux - art qui ne lui est pas seulement cher mais vital - je dirais qu'il est l'interprète de l'artiste-compositeur qui a travaillé à ses côtés en résidence. Mieux il entre harmonieusement dans la vision du créateur, mieux il saura techniquement la traduire sur le papier. Mieux il pénètre les intentions et les émotions de l'artiste - parfois non formulées par pudeur ou orgueil - mieux sa main saura proposer les solutions adéquates de traduction de la pensée. C'est une véritable partition à quatre mains qui se joue là. L'opus qui en résulte est le fruit d'une réelle alchimie. Ce ne sont sûrement pas des artistes majeurs comme T. Soulié, F. Bruetschy, K. Denning, G. Hoffmann, M. Shiraishi, P. Loste, A. Merz ou J. Clauzel qui me démentiront. Aussi différents soient-ils dans leurs approches et leurs objectifs, ils se retrouvent tous dans la rigueur, la probité de leur art et surtout dans la belle confiance qu'ils accordent à leur maître taille-doucier. Francis Meyer juillet 2006 |
ZOU HAO
Michel Cornu
Pierre Marie Brisson
Jacques Clauzel
Patrick Loste
Pierre André Arnal
Gravures présentent à la galerie
|