Patrice Vermeille
Parcours artistique
2015
Peintures, dessins, estampes, Galerie La Volta, Saint Sériès La face d'ombre, Musée Barrois, Bar-Le-Duc 2013 Peintures, estampes, stéréogrammes, URDLA, Villeurbanne Cruel sportin, Editions 2013, URDLA, Villeurbanne 2012 Autour de Vincent Bioulès, château de Lavérune; ARPAC, Montpellier Galerie Europ'Art, Aigues-Mortes, Dessins contemporains; 2011 Collection Jauffret, Carqueiranne Maison de la gravure Méditerrannée, Artnim, Nîmes 2010 Le Village des Arts, Octon Biennale de gravure, Galerie La Salamandre, Nîmes Trois collectionneurs, Musée du Barrois, Bar-Le-Duc Poesimage, URDLA, La Vieille Charité, Marseille 2009 Peintures, ARPAC, Montpellier Quoi d'autre ?, éditions de l'Urdla, Ecole des Beaux-Arts du Mans Gravures, Galerie du Bout du Monde, St Hippolyte du Fort Icônes, Stèles, Catacombes et Jugement dernier, La Chapelle du Calvaire, Rousset Taille d'épargne, Hôtel Rochegude, Albi 2008 Galerie Europ'Art, Aigues-Mortes Atelier de gravure Méditerrannée, Castelnau/Lez Atelier de gravure Méditerrannée, Arténim, Nîmes 2007 Graveurs du Sud, Galerie de la Salamandre, Nîmes 2006 URDLA 3D, Villeurbanne 2005 Aquabon, aquafortistes, aquatintistes, URDLA, Villeurbanne ARPAC, Aubais Les Rougets d'André Pieyre de Maznfiargues, Fata Morgana, Librairie Nicaise, Paris 2003 "Un jardin secret", Centre de la Gravure, La louvière Galerie Fressoz, Arténim, Nîmes Enveloppes illustrées, Editions Marc Pessin,, Sappey en Chartreuse 2002 Musique en vue, URDLA, Villeurbannes Peintures, Oeuvres graphiques, Chateau d'O, Montpellier Livres illustrés, Galerie Michel Fressoz, Montpellier Les Rougets d'André Pieyre de Maznfiargues, Fata Morgana, Château de Castries 2001 "Poësimages", URDLA, Villeurbanne "Nébuleuses acier", Galerie Michel Fressoz, Montpellier Galerie Michel Fressoz, Montpellier 2000 "Pour Bernard Noël", Galerie Remarque, Trans-en-Provence "L'Ange et quelques autres", galerie Wimmer, Montpellier Oeuvres sur papier et quelques autres, Médiathèque de Nancy 1999 Suisses à l'URDLA, Villeurbanne URDLA, centre international de l'estampeä, Atelier circulaire, Montréal Oeuvres sur papier, Artothèque de Nîmes 1998 Du je au tu Bernard Noël et les livres d'artistes, Bayeux 1997 Autour de José Pierre, Galerie Claude Lemand, Paris 1995 Patrice Vermeille, Bertrand Vivin, Galerie Wimmer, Montpellier Etre dans les petits papiers de· Galerie de lâArtothèque, Nîmes Une anthologie, estampes URDLA Villeurbanne 1994 Forum Art et Technologie, Galerie de lâEcole dâArt, Marseille Troisième triennale mondiale dâestampes de petit format, Chamalières Nouvelles acquisitions patrimoniales de la Bibliothèque municipale, Montpellier Les graveurs lorrains et lâart du livre, Médiathèque, Nancy 1993 Lâestampe de notre temps, Hôtel de Région, Montpellier Une année dâédition, URDLA, Villeurbanne Fata Morgana, Chateau dâO, Montpellier 61ème exposition de la Société des Peintres-Graveurs français et leurs invités, Orangerie du Luxembourg, Paris 1992 Galerie Wimmer, Montpellier 1992 Passage de Butor II, Galerie Wimmer, Montpellier Graveurs lorrains contemporains, Nancy 1991 Galerie Wimmer, Montpellier 1990 L'image prise aux mots, PAB, Fata Morgana, Hôtel de Région, Montpellier Made in URDLA, Centre d'Art contemporain, Lacoux-Hauteville Jeune Peinture, Grand Palais, Paris |
1987
Estampes, Institut français, Frieburg L'estampe et le livre, Musée Vulliod Saint Germain, Pézenas Estampes, Institut français, Karlsruhe, RFA Galerie Alain Digard, Paris La Poésie dans un jardin, Avignon Léopold Sédar Senghor et les peintres graveurs, Bibliothèque municipale, Grenoble 18 artistes de l'Artothèque de Montpellier, Bruxelles Carrefour international des estampes, Cannes Carrefour international des estampes, La Tour d'Aigues Poètes dans la cîté, Nîmes Estampes, Maison de Montpellier, Heidelberg Salon de la Jeune Peinture, Grand Palais, Paris 1986 Estampes d'ici ou d'ailleurs, Centre culturel, Meylan Changer la vue, Musée de Cahors Autour d'Atlan, Musée de Montauban Trajectoires singulières, Octon Salon de la Jeune Peinture, Grand Palais, Paris 1985 ARPAC, Montpellier-Castelnau Gravures, Artothèque Montpellier Centre André Malraux, Castelnau le Lez FRAC Languedoc-Roussillon, Musée Paul Valéry, Sète Galerie Jade, Kunstmesse, Bâle Galerie La Pochade, Regard sur 20 ans, Paris 1984 Galerie Jade, Kunstmesse, Bâle Formats déraisonnables, Centre Fernand Léger, Rosny sous Bois Hommage à Marcoussis, Bibliothèque nationale, Paris Salle Demangel, Montpellier 1983 L'Atelier contemporain, Anduze Kunstmesse, Bâle, Galerie Jade, Colmar Thierry Bouchard Editeur, Librairie Comestibles, Genève 1982 Château de Burdine, Belgique Centre culturel de Wiehsbeke, Belgique Galerie Jan de Maere, Casino de Knokke, Belgique Musée de Belfort Galerie Hélène Trintignan, Montpellier 1981 Musée de Montpellier Gravures, dessins, Ecole des Beaux-Arts Angers Deuxième Biennale européenne de l'Estampe, Baden-Baden Galerie Jan de Maere, Casino de Knokke, Belgique 1980 Alain Bosquet présente La Galerie dans la Galerie, Paris Galerie Jan de Maere, Bruxelles 1979 Galerie Alain Digard, Paris Musée de Montpellier Atelier Art concorde, Paris FIAC, Grand Palais, Paris 1978 Galerie Jade, Colmar Galerie Alain Digard, Paris Galerie Hélène Trintignan, Montpellier Artemis Art Gallery, Gand, Belgique L'Estampe aujourd'hui, Bibliothèque nationale, Paris La collection d'un amateur, Galerie Digard, Paris FIAC, Grand Palais, Paris Biennale d'art contemporain, Washington Salon de Mai Maïnichi, Tokyo et cinq grandes villes du Japon Salon de Mai 2 et 3, Paris Peinture et poésie, Montpellier Centre culturel du Languedoc, Montpellier 1977 Le Tombeau de Girodet, Musée de Montpellier Biennale de la gravure, Angoulême Lecture de l'art contemporain, Nathan, Paris 1976 Biennale européenne de la gravure, Mulhouse 1989 Cabinet d'Amateur, Galerie Paul Boyer, Sète Estampes 1982-1989, Bibliothèque de Mulhouse Fata Morgana, Galerie Wimmer, Montpellier Prix Galilée, Galeries Poirel, Nancy Alain Bosquet, Bibliothèque municipale, Grenoble Galerie Hélène Trintignan, Montpellier L'Europe des graveurs, Bibliothèque municipale, Grenoble Troisième exposition du cabinet d'estampes, Médiathèque, Louvain Jeune Peinture, Evolution, Révolutions, Grand Palais, Paris Les Editions Fata Morgana, CNAC G. Pompidou, Paris 1988 Galerie Protée, Toulouse 25 Grand Aigle, eaux-fortes et lithographies, URDLA, Villeurbanne NomenXclature, URDLA, Villeurbanne Cabinet d'estampes, Médiathèque de Louvain-la-Neuve Richesse du papier, Galerie Fontainas, Bruxelles "Rue Guénégaud", Galerie La Pochade, Paris Lumière du Jour, Galerie 1900-2000, Paris Salon de la Jeune Peinture, Grand Palais, Paris |
Bibliographie Bernard Teulon - Nouailles Christian Skimao
Patrice Vermeille est né le 29 Septembre 1937 à Nancy, France.
[…]. Tout particulièrement passionnants se montrent les artistes qui font porter leur réflexion sur les éléments mêmes de la représentation picturale, abstraite ou figurative. Patrice Vermeille a choisi de se situer en un lieu d'où les divers codes picturaux, depuis le Néo-Classicisme jusqu'au Suprématisme, cessent de s'opposer. En même temps que refait surface dans son oeuvre cette certitude immémoriale que la peinture est à l'image du cosmos. Et réciproquement. […] José Pierre 1991 (Introduction à la peinture, Somogy). Petite cosmogonie intérieure L’univers de Patrice Vermeille ne se réfère à notre réalité que de manière allusive. Chez lui la peinture compense, par la créativité graphique ou colorée, les insuffisances de nos systèmes de représentation. C’est que la peinture ouvre une dimension inédite, n’existant qu’à partir du moment où un créateur décide de lui prêter vie. Il y a tout un aspect cosmogonique dans l’oeuvre de Vermeille, que l’on sent aisément dans des séries comme Genèse ou Déluge par exemple. L’artiste est un reCréateur ou mieux, un concepteur de potentialités. On sent ce qui peut intéresser cet artistes dans les conceptions virtuelles de notre technologie avancée en matière d’informatique. L’ordinateur conçoit le virtuel, le Créateur le fait accéder au statut de réel, si on entend par ce mot une virtualité qui trouve sa place dans la réalité des codes régissant la vie en communauté, dont l’art est partie intégrante. Le cerveau conçoit mais la main exécute. D’où ce graphisme finement hachuré, identifiable et allusif, qui caractérise la production de Vermeille. Manquent les yeux pour la reconnaissance, car rien n’existe en ce monde à qui nous n’accordions l’aumône d’un regard. L’un a besoin de l’autre. Pour accrocher le regard, Vermeille recourt à la couleur. Elle est fluide et sourde chez lui. Fluide comme le temps qui traverse l’espace. Sourde car le monde imaginaire ne saurait se restreindre aux séductions de l’éclat naturel, a fortiori aux critères de consommation de l’art en masse. Le soleil chez Vermeille est un astre sombre car il est tout intérieur, tout en tréfonds et en gestation chthonienne. La lumière du cerveau, fût-il électronique, est comme réfractée, atténuée par son passage à travers la dimension intérieure qui est secrète et d’ordre intime. La couleur chez Vermeille est comme la messagère des dieux qui président à la reCréation. D’où le thème qu’il travaille actuellement de l’ange, qui métaphorise ce rôle d’intercesseur entre la cosmogonie intérieure de l’artiste et les créatures de regard (!) auxquels il la destine. C’est cette révélation du secret qui contient toute peinture, cette nécessaire intimité de l’artiste avec les mouvements qui président à la genèse d’un univers, ce besoin impérieux de figurer, aux yeux des autres, des bribes répertoriées de virtualités intérieures qui me semblent l’essentiel de l’apport de Vermeille à la production de notre temps. Un temps où il nous est nécessaire de prendre la mesure des choses et de notre place dans l’univers. Bernard Teulon-Nouailles Reg’Art, décembre 2000 / janvier 2001 Une certaine idée de la distorsion picturale dans l'espace-temps L'oeuvre de Patrice Vermeille se situe, en apparence du moins, entre un figuratif fantastique et une abstraction modulée suivant un récit plus ou moins secret, présent en « intertexte » dans chacune de ses compositions. Comme l'explique magistralement José Pierre, suite à divers entretiens avec l'artiste, au début se trouve une œuvre référentielle datée de 1802, Le Tombeau, d'Anne-Louis Girodet-Trioson (1767-1824), peintre révolutionnaire puis d'Empire donc d'histoire, néo-classique et pré-romantique, qui use de superpositions tant formelles que narratives. La saturation opère donc sur de nombreux plans, noyant le spectateur dans un sentiment à la fois visuel, héroïque et irréel. C'est donc bien un processus de refonte qui se trouve mis en action, comme dans Le tombeau de Girodet I & II daté de 1976, au sens où l'entendait le Surréalisme, autre influence qui a toujours interpellé l'artiste. Cette possible distorsion du réel permettant dès lors d'assouvir ses recherches dans la sphère de l'imaginaire au travers d'un motif déterminé, soit de type paysager, littéraire, référentiel dans l'histoire de l'art, même anecdotique ou encore se positionnant dans la modernité en cours, les images de synthèse. Ce positionnement singulier, à partir d'une tradition picturale puisant dans une peinture à la fois historique et parfois mythologique, fait immanquablement songer à David qui cherchait ses modèles du côté de la Renaissance mais aussi à Delacroix, peintre héroïque par excellence. Plus proche de nous Kandinsky ainsi que l'expressionnisme abstrait américain qui l'a certainement influencé à ses débuts répertoriés, voir A naître IV, daté de 1968, la bande dessinée en tant que genre et l'approche de la gravure en tant que pratique incontournable. C'est dans cette fusion entre les styles et les époques que se prépare un champ pictural opératoire, souvent mal considéré aux diverses étapes de sa carrière car évalué par les spécialistes en fonction de l'actualité et des effets de mode. Or le travail de Vermeille ne s'inspire que de ces effets pour mieux les contourner. Sa faculté de peindre s'inscrit bien dans les courants précités mais en les débordant et en les relisant en permanence comme dans Peinture I de 1986 qui revient à une puissante abstraction. L'exemple de Kandinsky est à cet égard des plus passionnants pour l'hétérogénéité des pistes ouvertes par lui dans le champ de l'avant-garde. En effet l'inventeur de l'abstraction n'a-t-il point contribué activement à l'expressionnisme avec Der Blaue Reiter, tout en prônant la recherche du spirituel dans l'art, sans oublier cette constante référence aux images du folklore russe. Là encore la similitude apparaît entre une figure de la modernité et la complexité liée à son classement. Les larges plans flottant dans l'espace des œuvres des années 1920-30 , comme dans la très célèbre toile Jaune-Rouge-Bleu de 1925, témoignent là aussi d'une spatialité dont Patrice Vermeille s'inspirera subtilement dans Fragments II, peinture datant de 1983. D'un parallèle qui demande à être creusé au niveau historique, apparaît l'idée d'un faisceau de pratiques liées à certaines références indirectement liées à la Figuration Narrative (années 1960). Cette période spécifique permet de s'intéresser à certaines œuvres de Jacques Monory, dont Fragile n°6, certes plus tardive, datée de 1985 et qui utilise à partir des images d'un accident automobile, la notion de dispersion et d'éparpillement chère à Vermeille. Ne négligeons pas non plus les œuvres de Jacques Poli, celles d'Hervé Télémaque et ses flottements colorés ou les grouillements picturaux d'Erro. En se positionnant ici au niveau simplement formel, c'est aussi pour reprendre une recherche du côté de certains auteurs contemporains de la bande dessinée avec Druillet pour Jeux XXIII de 1979 ou Moebius avec les deux personnages quasi-ectoplasmiques de Double II de 1975. Là encore des univers plus ou moins héroïques et plus ou moins en expansion tentent de traduire leur marche au travers d'un graphisme souvent baroque et évocateur. La notion de spatialité extrême se conjugue chez Vermeille avec une thématique chère à la science-fiction et aboutit à la composition d'espaces sidéraux et sidérants comme la somptueuse et incandescente série des Nébuleuses datant de 1981. En ce qui concerne l'utilisation pragmatique de techniques utilisées dans la gravure (eaux-fortes, lithographies, sérigraphies) et la production d'estampes, l'artiste use de la notion permanente d'allers-retours entre les arts reproductibles et ceux dits de la pièce unique (peintures, dessins et aquarelles). On retrouve les thèmes généraux au travers desquels l'artiste irrigue son œuvre mais avec un certain nombre d'imperceptibles variantes comme dans En expansion, une eau-forte de 1971 ou Issus de l'eau, une sérigraphie de 1990. Cet éclatement des genres se retrouve dans la dispersion des plans au travers d'une utilisation savante de la couleur. Les formes tourmentées et torturées d'actants impalpables se dissolvent dans les landes picturales d'une réalité suggérée. C'est sur cette non-précision des lieux et des situations que redémarre l'héritage de l'inconscient mais libéré de la gangue idéologique voulue par André Breton. On songera aux paysages inertes d'Yves Tanguy avec son admirable Jour de lenteur de 1937 ou encore à certaines œuvres de Masson et ses corps décomposés, enfin aux formes molles de Dali. Les fils de rasoirs métaphysiques tranchent dans l'espace des formes comme dans Etude I de 1987 qui met en prise le spectateur avec une sévère déflagration des lieux. Le mouvement et sa décomposition prennent place dans une possible référence au Futurisme avec des artistes comme Giacomo Balla et son Mercure passe devant le soleil de 1914, positionnement planétaire et spatial qui rappellera certaines œuvres de Vermeille, sans négliger celles de Umberto Boccionni ou Carlo Carra. Si la rotondité d'un monde potentiel se trouve illustrée dans Nid VI daté de 1995 où une sphère quadrillée semble contenir un globe proche de l'explosion, Patrice Vermeille a également questionné le sexe des anges au travers d'une relecture des Putti de la Renaissance. Putto I & II de 1999 témoignent à leur façon d'une figuration stylisée où les traits coupants des ailes décochent au spectateur des flèches conceptuelles. De cette échappée des conventions, le ballet aérien aux couleurs pastels invite à un dépassement des genres et à une obligatoire transposition, de l'église à l'univers. Positionné dans ses recherches infographiques, l'artiste échange la toile traditionnelle pour une représentation virtuelle. Il s'agit d'un domaine en cours de défrichement où se pose toujours la pertinence d'une contemporanéité en devenir, du côté des images, de leur animation et de leur positionnement dans une culture populaire ou lettrée. Cette recherche au travers d'un nouveau medium enthousiasme Vermeille qui y voit des possibilités nouvelles. Ainsi sa série du Déluge réalisée en 1994 et reproduite par le procédé de sublimation thermique ou encore l'oeuvre Plan de coupe III de 1996 qui prend la dénomination de « commentaire sculpté » à partir d'un travail au crayon et à l'aquarelle sur papier, d'où émerge un traitement infographique allié à de fortes influences surréalisantes. Mais c'est finalement sur une peinture récente Le Nid VII ou le Jugement dernier de l'an 2000 que s'appuiera ma conclusion. On y retrouve l'ensemble des caractéristiques du créateur, mettant en scène les fragments épars du Tombeau devenu proustien au fil des séances, jouant avec les stratifications picturales, la couleur et la profondeur cinématographique sans négliger cette étonnante faculté de contribuer à l'émergence des terres inconnues. Patrice Vermeille accoucheur d'une projection de l'esprit encore et toujours à représenter. Christian SKIMAO PATRICE VERMEILLE A LA MAISON DE LA GRAVURE (CASTELNAU) ET A EUROP’ART (AIGUES-MORTES) Patrice Vermeille est un artiste discret mais dont l’œuvre ne saurait laisser indifférent. On ne l’apprivoise pas forcément tout de go mais elle tranche par sa singularité. L’ouverture récente de la Maison de la gravure Méditerrané e sur Castelnau le lez lui donne l’occasion d’être redécouverte selon ses « multiples » facettes. S’y ajoute un volet peinture à Europ’Art. L’HEURE EST GRAVEE Dans le contexte actuel de l’art, la gravure n’a pas bonne presse. C’est le moins que l’on puisse dire. Et pourtant n’a-t-elle pas son coût peu élevé, son historicité et sa capacité à se renouveler comme atout majeurs ? Or dans la famille Dezeuze, on ne renonce pas. D’où l’idée de cette Maison de la gravure, imaginée par Vincent, neveu et petit-fils d’artistes, ouverte aux amateurs de toutes professions et de tous âges, mais aussi aux professionnels, aux apprentis artisans, notamment par le biais d’éditions, de livres de coloriage, de gravures et bien sûr, plus médiatisées, des expositions temporaires. Difficile d’imaginer mieux en l’occurrence pour démarrer sous les meilleurs auspices que de demander à l’un des maîtres de cette technique, ancien prof aux Beaux-arts où il a formé des générations d’étudiants, illustrateur de bien des livres d’artistes notamment pour Fata Morgana, animateur auprès du groupe ABC de la vie culturelle montpelliéraine dans les années 60-70, Patrice Vermeille, ce lorrain que le sud n’a pas tardé à adopter. C’est lui qui essuie les plâtres de l’atelier avec des eaux-fortes, des lithographies et une série récente des sérigraphies permettant de suivre son itinéraire de 1965 à 2007. De ses totems incisifs et bruts à ses portraits travaillés à l’ordinateur avec réseaux d’échafaudages en passant par des motifs circulaires ou par ces paysages abstraits et telluriques qui ont marqué sa production alors en plein essor (et que l’on peut apprécier dans le même temps au Musée Fabre). Mais la Maison de la gravure se sent une vocation méditerranéenne puisqu’elle entend coup sur coup faire découvrir le marocain Maoual et ses silhouettes africaines, qui nous vient de Marseille, l’iranien Chahab, l‘espagnol Valdeverde avant de se recentrer sur ses assises familiales en rendant hommage à François Dezeuze, l’oncle de Vincent. Un autre projet tient à cœur à Vincent Dezeuze : rappeler le rôle que, sous l’impulsion d’Alain Clément, ont pu jouer naguère Les Presses du jardin, sollicitant Albérola ou Autard, Sicilia ou V.Skoda, Di Rosa… Ceci dit ne pas oublier que Vincent Dezeuze est artiste lui-même. On a pu s’en apercevoir récemment à la Salamandre nîmoise, et il est annoncé en octobre à l’ARPAC. Quant à Patrice Vermeille, il montrera l’autre volet de sa production, sa peinture galerie Europ’art, à Aigues Mortes. Il s’agira d’acryliques, conçues sur logiciels informatiques et réalisées sur toiles. Patrice Vermeille y privilégie l’allusion humaine mais ô combien stylisée, réduite à quelques traits suggérant le volume et comme fondues à l’environnement. Les couleurs sont souvent sourdes créant une atmosphère étouffante, brumeuse, où le danger guette. On a l’impression d’être dans un no man’s land entre chien et loup, et qu’est la peinture sinon un tel territoire où se concrétisent angoisses, émotions et cris habituellement contenus. Patrice Vermeille se situe dans la continuité d’un Paul Klee, d’Adami ou dans la proximité d’un Poli et plus près de nous d’une Fiona Rae, que du côté de Matisse ou de Duchamp. Son graphisme, fait de traits vigoureux mais qui n’enferment pas les formes, cherche à suggérer plus qu’à définir. Le geste pictural respire la violence et le mouvement mais sans jamais céder aux vertiges de la spontanéité démesurée. C’est ce sens de la mesure qui explique sans doute que l’art de Vermeille n’ait pas toujours été reconnu, malgré le respect qu’il inspire, à sa juste valeur. Mais patience ! Tout vient à point… D’ailleurs a-t-on jamais gravé autant qu’en ces temps de remise en question des supports visuels et sonores ? BTN Jusqu’au 26 avril, Maison de la gravure Méditerranée, 105 chemin des Mendrous, Castelnau le Lez, 0676078598. Du 13 avril au 10 mai, galerie Europ’art, 6, rue Marceau à Aigues-Mortes 0466538892 |
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Espace d'Art Contemporain de Bédarieux Exposition jusqu’au 19 décembre 2015
Un public nombreux est venu admirer cette nouvelle exposition
Un public nombreux comme à l'accoutumée est venu admirer cette nouvelle exposition à l'Espace d'art contemporain de Bédarieux. Accueillis par Alain Montchauzou, adjoint au maire en charge des affaires culturelles, le commissaire des expositions Jean-Claude Lissieux, et l'artiste en personne, les visiteurs ont découvert l'œuvre de Patrice Vermeille, se situant entre un figuratif fantastique et une abstraction modulée. Ce professeur de gravure à l'École des Beaux-Arts de Montpellier a participé à de nombreuses expositions tant en France qu'à l'étranger et a illustré bon nombre d'ouvrages.
Dans son allocution de bienvenue, Alain Montchauzou a souligné " l'attachement de la municipalité à la culture, car ici nous ne lâchons rien de nos prétentions, de notre ligne directrice, de notre mission de service public". Il s'est félicité de la belle part que prend la ville dans le programme culturel de la communauté de communes Grand Orb, "lieu d'espérance nouvelle, avec la circulation des publics, des richesses et une réactivation des esprits". |
L'élu à la culture a également annoncé au public le lancement de la nouvelle saison culturelle de Bédarieux le vendredi 9 octobre à 19 heures, à la Tuilerie, "avec des propositions d'envergure et toujours dans le double souci d'accessibilité et de rigoureuse qualité".
Jean-Claude Lissieux s'est plu à citer Claude-Henri Bartoli, artiste et ami commun, qui a qualifié le peintre de scaphandrier des rêves : "Une œuvre toute entière tournée vers l'intériorité, et pourtant ouverte au monde contemporain… toujours visant vers le plus profond de son être." Patrice Vermeille, à son tour, a présenté le fruit de son inspiration et l'attention toute particulière qu'il porte à la figure mythique de l'ange. Découvrez ses œuvres singulières jusqu'au 19 décembre à la Maison des Arts. Entrée libre. Horaires d'ouverture : mardi et samedi 14h-18h, mercredi et vendredi 9h30-12h et 14h-18h, jeudi : 9h30-12h. |
Dossier de presse espace d’art contemporain de Bédarieux
PATRICE VERMEILLE, Peintures 2001-2015
Texte :
C.-H. Bartoli ce 15 juillet 2015 à San Luis Potosi au Mexique Lors d’un précédent vernissage, Walter Barrientos rendait un hommage émouvant à Patrice Vermeille qui avait été son professeur et « Maître » à l’école des Beaux-arts de Montpellier. Il fut le mentor de nombreux artistes de la région, en particulier pour sa pratique et sa passion de la gravure. Ses multiples dessins, ses magnifiques images sculptées sur le support semblent nous entraîner dans un univers cosmique. Patrice Vermeille est aussi un explorateur en tout genre. Il a réalisé au cours de sa vie d’artiste une production immense, vertigineuse et son travail de création ressemble à une sorte de symphonie, où les instruments sont remplacés par des espaces multiples pouvant cachés des histoires sans fin et inventées. Sans cesse, il expérimente des techniques qui l’entraînent dans des horizons où la beauté demeure. Patrice Vermeille et son univers mystérieux, où l’abstraction et la figuration narrative qui se dévoilent, nous entraînent dans une sorte de labyrinthe poétique. Jean-Claude Lissieux, Commissaire des expositions Patrice Vermeille : Le scaphandrier des abîmes intimes La nuit, notre, votre NUIT, tel est le territoire de l’œuvre de Patrice VERMEILLE, qui explore les profondeurs de l’être suivant en cela les mots d’Arthur RIMBAUD dans ses lettres du Voyant : « si ce qu’il ramène à forme...il donne la forme... si ce qu’il ramène est informe ...il donne l’informe... » Avec une rigueur rare (due probablement à sa formation Nancéienne !!) voilà un artiste qui tisse rêves et terreurs, monstres et réel, nuits et jours, lieux et espaces structurés d’où surgissent nos parts d’ombres. Des fragments détachés et réinscrits de nos peurs ...Nous pourrions gloser à l’infini sur l’absence... ce qu’elle nourrit de quoi elle se nourrit... présence qui se dérobe qui s’enfouit qui s’enfuit, présence de l’absence, voix et voie de l’absence dont cette œuvre témoigne avec une permanence constante, un des poèmes de Michel BUTOR consacré au travail de P. Vermeille se nomme L’ANGE IMPREVU... Une œuvre toute entière tournée vers l’intériorité, et pourtant ouverte au monde contemporain, tel est pour ce technicien hors pair le risque constant encouru loin des modes et des gadgets qui peuplent tant de travaux du moment, toujours visant vers le plus profond de son être. Patrice me permettra de saluer en lui l’anagramme qui serait son nom secret. Rien ne peut être meilleur pour nos esprits que ce voyage en compagnie de ce scaphandrier des rêves. C.-H. Bartoli ce 15 juillet 2015 à San Luis Potosi au Mexique ---------------------------------------------- article : Lise OTT (Midi Libre, mercredi 13 décembre 2000) Patrice Vermeille ou la beauté terrible des anges. Peut-on être un artiste contemporain digne de ce nom, tout en se référant à la Renaissance et à l’époque napoléonienne ? La question qui paraît incongrue - puisquâavant toute chose, ce qui compte, c’est l’émotion - mérite pourtant d’être posée. Car, en ces temps modernes où le célébrissime capitaine d’industrie français, et collectionneur, François Pinault, songe à créer une fondation d’art contemporain pour rehausser la valeur de l’art français vivant, il faut bien s’interroger sur sa récente désaffection depuis la dernière guerre. Dans les manuels européens, auprès de beaucoup d’historiens d’art et, parfois même, parmi les critiques. Faute de connaissances suffisantes, faute de goût ou les deux ensemble ? Faute d’y avoir regardé de près ? Dans le cas de Patrice Vermeille, plusieurs de ces remarques s’imposent. Tout d’abord, la production de ce peintre, d’origine nancéienne (il est né en 1937) et professeur aux Beaux-Arts de Montpellier, intéresse les jeunes - leur fréquentation le jour du vernissage en porte foi. Elle les intéresse pour des raisons multiples qui vont de son art consommé du dessin et de la gravure, à son attrait en faveur des images fantastiques - cosmiques, sublimes, vivement colorées, découpées dans des formes aussi aiguës que celles des épées, des lames d'acier et des scalpels chirurgicaux. Belles et terribles à la fois – c’est à dire aussi fascinantes que bouleversantes. De quoi enthousiasmer les jeunes générations, friandes de sensations fortes et d’univers interstellaires. C’est un phénomène d’époque. On en relègue au mieux l’importance dans les revues spécialisées et, au pire, on oublie d’aller visiter les sites où sa culture va bon train sur internet. Patrice Vermeille serait-il pour autant une sorte d’artiste underground ? A son âge, avec sa quasi- légendaire modestie et son respect immodéré de l’autre ? C’est vraiment difficile à dire. Mais, tout de même, c’est un des rares peintres de sa génération a avoir osé pratiquer le dessin et la couleur sur ordinateur, ainsi qu’à avoir réalisé un cédérom où il rassemble la totalité de sa production - plus de mille oeuvres, des explications, des textes, des témoignages. Une prouesse du genre et une question qui saute aux lèvres : pourquoi n’a-t-on pas déjà organisé une rétrospective de son oeuvre à Montpellier? Qu’apprend-on dans le cédérom ? De quoi donner davantage de sens à son actuelle exposition. Et c’est nécessaire tant elle n’est pas susceptible, à elle seule, de donner une véritable idée du travail de Romain qui la sous-tend depuis plus de trente ans. Deux références marquantes pour en résumer le fond : l’une en faveur de l’artiste italien renaissance Le Parmesan, l’autre, pour le peintre Anne-Louis Girodet, et son oeuvre majeure Le Tombeau, réalisée en 1801 pour le château de la Malmaison, où le tableau se trouve toujours. D’un côté, un artiste mort jeune, comme Egon Schiele, adepte de la ligne pure, de la beauté sublime, maniériste comme on n’ose plus l’être (sauf au cinéma) et défenseur des anges. De l’autre, un autre maniériste, mais à la façon napoléonienne, avec emphase, romantisme, douleur et part maudite mêlés. Tout un programme auquel Vermeille ne manque pas de se colleter avec une fougue qui tranche, dans son oeuvre, par rapport à sa personnalité publique. Résultat : son exposition porte le titre de l’Ange et quelques autres. Elle est fulgurante comme les couleurs qu’il emploie : vert gazon, orange d’orage, noir de jais, jaune de feu· L’ange y a tantôt les traits du joufflu putto des Italiens, les formes étirées et sensuelles des vierges néo-classiques ou la pupille diabolique des cavaliers de l’Apocalypse. Leurs ailes ont éclaté en autant de fragments de cristal, aussi coupants que les dents d’un requin. Les espaces où ils évoluent sont sans fin : transparents, stratifiés, parfois sphériques, intergalactiques, tracés au nombre d’or et puissamment envahissants. Sur eux planent des musiques que l’on pressent, à force de regard, agacées de sourds accents lancinants, symphoniques, harmonieuses et glaçantes, cordes et instruments à vent entonnant des hymnes terrifiants et denses mais beaux, qui disent de notre monde, sa splendeur et sa décadence· |
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Christian SKIMAO Une certaine idée de la distorsion picturale dans l'espace-temps L'oeuvre de Patrice Vermeille se situe, en apparence du moins, entre un figuratif fantastique et une abstraction modulée suivant un récit plus ou moins secret, présent en « intertexte » dans chacune de ses compositions. Comme l'explique magistralement José Pierre, suite à divers entretiens avec l'artiste, au début se trouve une œuvre référentielle datée de 1802, Le Tombeau, d'Anne-Louis Girodet-Trioson (1767-1824), peintre révolutionnaire puis d'Empire donc d'histoire, néo-classique et pré-romantique, qui use de superpositions tant formelles que narratives. La saturation opère donc sur de nombreux plans, noyant le spectateur dans un sentiment à la fois visuel, héroïque et irréel. C'est donc bien un processus de refonte qui se trouve mis en action, comme dans Le tombeau de Girodet I & II daté de 1976, au sens où l'entendait le Surréalisme, autre influence qui a toujours interpellé l'artiste. Cette possible distorsion du réel permettant dès lors d'assouvir ses recherches dans la sphère de l'imaginaire au travers d'un motif déterminé, soit de type paysager, littéraire, référentiel dans l'histoire de l'art, même anecdotique ou encore se positionnant dans la modernité en cours, les images de synthèse. Ce positionnement singulier, à partir d'une tradition picturale puisant dans une peinture à la fois historique et parfois mythologique, fait immanquablement songer à David qui cherchait ses modèles du côté de la Renaissance mais aussi à Delacroix, peintre héroïque par excellence. Plus proche de nous Kandinsky ainsi que l'expressionnisme abstrait américain qui l'a certainement influencé à ses débuts répertoriés, voir A naître IV, daté de 1968, la bande dessinée en tant que genre et l'approche de la gravure en tant que pratique incontournable. C'est dans cette fusion entre les styles et les époques que se prépare un champ pictural opératoire, souvent mal considéré aux diverses étapes de sa carrière car évalué par les spécialistes en fonction de l'actualité et des effets de mode. Or le travail de Vermeille ne s'inspire que de ces effets pour mieux les contourner. Sa faculté de peindre s'inscrit bien dans les courants précités mais en les débordant et en les relisant en permanence comme dans Peinture I de 1986 qui revient à une puissante abstraction. L'exemple de Kandinsky est à cet égard des plus passionnants pour l'hétérogénéité des pistes ouvertes par lui dans le champ de l'avant-garde. En effet l'inventeur de l'abstraction n'a-t-il point contribué activement à l'expressionnisme avec Der Blaue Reiter, tout en prônant la recherche du spirituel dans l'art, sans oublier cette constante référence aux images du folklore russe. Là encore la similitude apparaît entre une figure de la modernité et la complexité liée à son classement. Les larges plans flottant dans l'espace des œuvres des années 1920-30 , comme dans la très célèbre toile Jaune-Rouge-Bleu de 1925, témoignent là aussi d'une spatialité dont Patrice Vermeille s'inspirera subtilement dans Fragments II, peinture datant de 1983. D'un parallèle qui demande à être creusé au niveau historique, apparaît l'idée d'un faisceau de pratiques liées à certaines références indirectement liées à la Figuration Narrative (années 1960). Cette période spécifique permet de s'intéresser à certaines œuvres de Jacques Monory, dont Fragile n°6, certes plus tardive, datée de 1985 et qui utilise à partir des images d'un accident automobile, la notion de dispersion et d'éparpillement chère à Vermeille. Ne négligeons pas non plus les œuvres de Jacques Poli, celles d'Hervé Télémaque et ses flottements colorés ou les grouillements picturaux d'Erro. En se positionnant ici au niveau simplement formel, c'est aussi pour reprendre une recherche du côté de certains auteurs contemporains de la bande dessinée avec Druillet pour Jeux XXIII de 1979 ou Moebius avec les deux personnages quasi-ectoplasmiques de Double II de 1975. Là encore des univers plus ou moins héroïques et plus ou moins en expansion tentent de traduire leur marche au travers d'un graphisme souvent baroque et évocateur. La notion de spatialité extrême se conjugue chez Vermeille avec une thématique chère à la science-fiction et aboutit à la composition d'espaces sidéraux et sidérants comme la somptueuse et incandescente série des Nébuleuses datant de 1981. 5 Dossier de presse espace d’art contemporain de Bédarieux En ce qui concerne l'utilisation pragmatique de techniques utilisées dans la gravure (eaux-fortes, lithographies, sérigraphies) et la production d'estampes, l'artiste use de la notion permanente d'allers-retours entre les arts reproductibles et ceux dits de la pièce unique (peintures, dessins et aquarelles). On retrouve les thèmes généraux au travers desquels l'artiste irrigue son œuvre mais avec un certain nombre d'imperceptibles variantes comme dans En expansion, une eau-forte de 1971 ou Issus de l'eau, une sérigraphie de 1990. Cet éclatement des genres se retrouve dans la dispersion des plans au travers d'une utilisation savante de la couleur. Les formes tourmentées et torturées d'actants impalpables se dissolvent dans les landes picturales d'une réalité suggérée. C'est sur cette non-précision des lieux et des situations que redémarre l'héritage de l'inconscient mais libéré de la gangue idéologique voulue par André Breton. On songera aux paysages inertes d'Yves Tanguy avec son admirable Jour de lenteur de 1937 ou encore à certaines œuvres de Masson et ses corps décomposés, enfin aux formes molles de Dali. Les fils de rasoirs métaphysiques tranchent dans l'espace des formes comme dans Etude I de 1987 qui met en prise le spectateur avec une sévère déflagration des lieux. Le mouvement et sa décomposition prennent place dans une possible référence au Futurisme avec des artistes comme Giacomo Balla et son Mercure passe devant le soleil de 1914, positionnement planétaire et spatial qui rappellera certaines œuvres de Vermeille, sans négliger celles de Umberto Boccionni ou Carlo Carra. Si la rotondité d'un monde potentiel se trouve illustrée dans Nid VI daté de 1995 où une sphère quadrillée semble contenir un globe proche de l'explosion, Patrice Vermeille a également questionné le sexe des anges au travers d'une relecture des Putti de la Renaissance. Putto I & II de 1999 témoignent à leur façon d'une figuration stylisée où les traits coupants des ailes décochent au spectateur des flèches conceptuelles. De cette échappée des conventions, le ballet aérien aux couleurs pastels invite à un dépassement des genres et à une obligatoire transposition, de l'église à l'univers. Positionné dans ses recherches infographiques, l'artiste échange la toile traditionnelle pour une représentation virtuelle. Il s'agit d'un domaine en cours de défrichement où se pose toujours la pertinence d'une contemporanéité en devenir, du côté des images, de leur animation et de leur positionnement dans une culture populaire ou lettrée. Cette recherche au travers d'un nouveau medium enthousiasme Vermeille qui y voit des possibilités nouvelles. Ainsi sa série du Déluge réalisée en 1994 et reproduite par le procédé de sublimation thermique ou encore l'oeuvre Plan de coupe III de 1996 qui prend la dénomination de « commentaire sculpté » à partir d'un travail au crayon et à l'aquarelle sur papier, d'où émerge un traitement infographique allié à de fortes influences surréalisantes. Mais c'est finalement sur une peinture récente Le Nid VII ou le Jugement dernier de l'an 2000 que s'appuiera ma conclusion. On y retrouve l'ensemble des caractéristiques du créateur, mettant en scène les fragments épars du Tombeau devenu proustien au fil des séances, jouant avec les stratifications picturales, la couleur et la profondeur cinématographique sans négliger cette étonnante faculté de contribuer à l'émergence des terres inconnues. Patrice Vermeille accoucheur d'une projection de l'esprit encore et toujours à représenter. |
espace d'arts et cultures La Volta de Saint-Sériès du 7 au 30 avril 2015
SUDestampe 34800 OCTON Trois graveurs 4 décembre 2010 au au 9 janvier 2011
Galerie Europ’art Aigues Mortes Peintures et gravures de P. Vermeille du 13 avril au 10 mai 2008
L’univers de Patrice Vermeille ne se réfère à notre réalité que de manière allusive. Chez lui la peinture compense, par la créativité graphique ou colorée, les insuffisances de nos systèmes de représentation. C’est que la peinture ouvre une dimension inédite, n’existant qu’à partir du moment où un créateur décide de lui prêter vie. Il y a tout un aspect cosmogonique dans l’oeuvre de Vermeille, que l’on sent aisément dans des séries comme Genèse ou Déluge par exemple. L’artiste est un reCréateur ou mieux, un concepteur de potentialités. On sent ce qui peut intéresser cet artistes dans les conceptions virtuelles de notre technologie avancée en matière d’informatique. L’ordinateur conçoit le virtuel, le Créateur le fait accéder au statut de réel, si on entend par ce mot une virtualité qui trouve sa place dans la réalité des codes régissant la vie en communauté, dont l’art est partie intégrante. Le cerveau conçoit mais la main exécute. D’où ce graphisme finement hachuré, identifiable et allusif, qui caractérise la production de Vermeille.
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